Pour autant, ce n’est pas un permis de tuer
Le 23 mars 2012, la cour d'assises de Douai a suivi les réquisitions atypiques de l'avocat général en retenant la légitime défense au bénéfice d’une femme battue qui a tué son mari.
Alexandra croyait au conte de fées mais très vite la première gifle, les premières humiliations, coups de pied, de poing, viols, etc … pendant onze ans. C‘était l'enfer conjugal. Elle avait continuellement peur. Le bruit de pas qui montent l'escalier et qui lui font comprendre chaque soir que quand il rentre du travail, le danger rentre à la maison.
Elle avait voulu porter plainte pour violences huit jours avant les faits mais les policiers n’ont rien fait, ne l’ont pas écoutée, avait-elle dit. Finalement, une main courante sera déposée.
Le soir des faits, raconte Alexandra L…, après qu’elle ait questionné son mari sur des sites pornographiques homosexuels qu’il regardait fréquemment, celui-ci s’est rué sur elle, a tenté de l’étrangler, l’a giflée plusieurs fois. Son mari l’a mordue à la main et là, elle a vu un couteau sur la table de la cuisine et elle lui a porté le coup. Même si l'époux, n'était pas armé. Elle s'est sentie en danger.
Lors de ce procès, la défense comme l'accusation ont relevé l'inaction" des autorités. Alexandra a essayé de partir, a tenté de déposer une plainte mais cette dernière s’est soldée par une simple mains courante.. Elle n'a pas été beaucoup aidée, ni par les services de police, malgré les instructions du parquet, ni par les services sociaux. Le silence de ses proches peut aussi être l’objet d’incriminations.
La décision est sans doute définitive puisque ni l'accusée acquittée et ni le parquet ne relèveront appel. Cet acquittement me parait légitime. Cependant on aurait tort de croire que c’est un permis de tuer qui est accordé aux femmes battues car en matière pénale il y a un principe à prendre en considération c’est la personnalisation des peines pénales. C’est tout un faisceau de circonstances (itération des faits, inertie des pouvoirs publics, silence des proches, dangers immédiats, etc…) qui a permis de rendre cette décision qui me parait juste. Au demeurant, ce jugement ne me parait pas anodin car j’espère qu’il permettra de faire réfléchir tous ceux qui pensent avoir le droit de frapper leur conjointe.
N’oubliez pas ! Alexandra pourrait être votre soeur, votre mère, votre fille à tous.